Lumière Céleste 2012 Les Noëlies Strasbourg

Vision de l’exposition « Lumière Céleste » par Emmanuel Schmutz.

Il est des endroits comme les lieux de culte où l’ombre appelle la lumière et célèbre discrètement le mystère cosmique renvoyant naturellement à la vie, au recueillement mais aussi, étrangement, à l’introspection.

Le travail de Camille von Deschwanden habite avec sens le lieu : les trois cocons géants laissent éclore une quête, un mystère et les papiers lumineux, précieux lambeaux arrachés à la voûte céleste, offrent un écho singulier à cette sombre période de l’année qui fête la lumière.

L’artiste a réinventé les gestes séculaires de la fabrication du papier cuve non pas dans une nostalgie passéiste, mais pour vivre physiquement et pleinement le miracle de la matière qui se transcende.

La pulpe de papier ainsi réalisée est d’abord une offrande sensuelle de la matière au regard avant de se délester de sa réalité, pour s’ouvrir à la légèreté du rêve et de l’imagination, comme les nuages dont l’artiste aime à rappeler que moutonneux s’emploie aussi bien pour eux que pour le papier.

L’alchimie de la création est complexe : à la cellulose du hêtre, du conifère ou de l’eucalyptus se marient les pigments ou les peintures à base de jaune d’œuf teinté de terre de Sienne comme jadis pour les fresques des églises, ouvrant des correspondances inconscientes qui traversent les siècles.

Mais le passé s’éclaire souvent dans le présent !

Innervées dans la pulpe de papier devenue translucide, des diodes électroluminescentes (LED) dévoilent une vie capillaire de l’œuvre, sang multicolore qui palpite dans la matière mais aussi dans son pourtour, dégageant une aura.

Alors, le silence lumineux de la matière nous rappelle qu’une œuvre vit, et qu’elle se réinvente sans cesse, selon les lieux et les regards qui se l’approprient.